dimanche, septembre 20, 2015

I wasn't born with enough middle fingers.

V E R I T A S 



Plus j'entre dans la vie d'adulte et enchaine les expériences, plus je suis dégoûtée de ce que j'y trouve, et me conforte dans l'idée que tout ça n'est vraiment pas fait pour moi.
Je pensais qu'en choisissant une voie plus marginale et créative, les gens que j'allais rencontrer seraient un peu comme moi, dans l'illusion que la vie pourrait être agréable, et les personnes des milieux dans lesquels j'allais évoluer sympathiques. Malheureusement mes rapports avec mon maitre de mémoire cette année et ma confrontation au milieu de la recherche archéologique en général m'ont prouvé que tout le monde n'a pas envie de s'entraider, d'avancer, et de créer des relations positives. J'ai passé presque un an à me battre pour le petit bout de respect que j'estimais me revenir de droit, loin de me douter que j'allais renouveler l'expérience les mois qui suivraient.

J'avais décidé de vous écrire un article détaillé et explicatif sur cette première année de Master Recherche, mais je vais être brève et essayer d'employer les mots justes.
Après les vacances de Noël, plus de la moitié des personnes inscrites dans ma classe avaient décidé d'arrêter le master. Pas parce que c'était trop compliqué ou qu'ils n'avaient pas le niveau, mais tout simplement parce que les professeurs qu'on peut rencontrer lors de cette formation sont en grande partie là pour nous démotiver, nous faire sentir que nous sommes nuls, que nous n'aurons jamais les capacités, et que "si vous êtes en master recherche c'est que vous envisagez le doctorat dans le but d'être enseignant chercheur. Si vous avez votre master, puis votre doctorat, eh bien, vous ne serez probablement jamais enseignant chercheur dans tous les cas". Cette phrase fût une des majeures raisons qui m'ont fait quitté cette formation : je refuse de me démener à avoir un bac+8, aussi intéressant mon sujet de recherche soit-il, si c'est pour me retrouver (au meilleur des cas) à 24 ans avec un bagage intellectuel très impressionnant sous une magnifique polaire Carrefour, à biper des articles toute la journée parce que la compétition sera trop rude, et que les anciens essaieront de m'évincer.
Parce que oui, les chercheurs, exceptions faites, cherchent surtout à préserver leur place et leur statut en nous évinçant plutôt qu'en nous servant de mentor, et c'est pour ça mes chers amis que ce milieu est en déclin selon moi alors qu'il devrait être (selon l'idée que je me fais des mentalités actuelles, avec les avancée que permettent les croisement des différents types d'études que sont l'histoire, l'histoire de l'art et l'archéologie) en plein essor.
Les survivants qui ont eu la chance d'avoir un sujet qui les passionnent, un maitre de mémoire concerné et toute l'aide possible ont pour certains échoués, car se sont perdus dans leur sujet à cause de la pression qui a été posée sur eux, et une de mes camarades proche est actuellement en dépression (selon avis médical).
Mais ce qui m'a réellement fait tourner le dos à cette formation, c'est d'être avec un maître de mémoire qui certes doit être très gentil dans sa vie personnelle, mais qui a avoué lui même "chercher à me ralentir" parce que je n'avais pas l'air assez motivée à son goût. Je vous passerais les détails qui m'ont amené à avoir une discussion avec lui qui commençait par "Monsieur, j'ai l'impression que vous avez un problème avec moi, quelque chose contre ma personne", et qui s'est fini par des larmes d'incompréhension parce que "oui, j'ai quelque chose contre toi". Situation qui est rendue plus difficile quand les professeurs chargés de régler de tels soucis sont "de mèche" entre eux, et que le reste du monde trouve le professeur en question "super sympa" et qu'il est presque impossible de raconter ce qui se passe sans passer pour une petite menteuse fouteuse de merde.
Même si cette histoire s'est relativement bien finie, je garde de mon année de recherche en archéologie un goût très amer, et au fond de mes oreilles un grand bruit de porte claquée.

Il paraît que je suis une fille à problèmes. Je n'ai pas vraiment une idée précise de ce que ça veut dire, je ne sais pas si c'est une sorte d'accusation ou si on me prend en pitié, mais il semblerait que mes problèmes avec les hommes représentant l'autorité dans mon monde d'adulte ne font que commencer.
Comme je me suis pris trop tard à chercher un travail pour cet été, j'ai du rompre la promesse faite à moi même qui était de ne jamais retourner chez mon employeur de l'année passée. Promesse que j'aurais du tenir, étant donné que vingt jours avant la fin de la saison, je me retrouve sans emploi, obligée de démissionner ou de subir les remarques et attaques constantes de ce que tous mes collègues ont appelé "le pire patron qu'ils n'aient jamais eu".
Ce patron aux tendances nazi et aux fondamentaux misogynes m'avait à peu près à la bonne, jusqu'à ce qu'un soir deux neurones entrent en collision dans son pauvre cerveau et qu'il décide que j'étais la femme à abattre. Comme je connaissais un peu le bonhomme, j'aurais probablement du m'en douter.
Je l'avais déjà vu suivre une fille jusque dans les toilettes pour s'acharner sur elle, lui dire qu'elle n'arriverait à rien dans la vie et la faire pleurer de plus belle. Je l'ai d'ailleurs vu faire pleurer presque toutes mes collègues. Je l'ai vu hurler sur nous comme un dément devant les clients, catastrophés, et j'ai eu maintes et maintes remarques dans le genre "ça fait 15 ans que je viens ici. Je suis au regret de constater qu'il est toujours aussi con et n'a pas évolué" ou encore "c'est votre patron ça ? La façon dont il vous parle est inadmissible !", j'en passe, j'en passe. J'ai entendu ce même patron dire qu'il "n'en avait rien à foutre des clients", je l'ai vu récupérer des pots usagés, les rincer et nous demander de les resservir, récupérer des pots de pâte à tartiner dans la poubelle et nous les faire gratter encore parce qu'il en restait sur les parois. Je l'ai vu nous mater le cul à toutes pendant le service, j'ai subi ses remarques moqueuses sur ma petite poitrine, ses "blagues" sur ma mère.
Ce patron est en somme un vil sadique misogyne, si radin qu'il fouille les poubelles malgré les pièces d'or qui lui tombent des poches, un voleur qui ne nous paye que 8€ l'heure supplémentaire non-déclarée. Pas un centime de plus (pour ceux et celles qui n'auraient jamais eu à travailler au "black", une heure non déclarée est payée entre 10 et 14€. Je n'ai jamais rencontré une seule personne dans ma vie, patron ou employé qui payait ses heures aussi bas).
Alors quand cette personne s'est mise à vouloir (pour être polie) me casser les couilles, et que j'ai riposté en gueulant plus fort que lui et en lui tenant tête jusqu'au bout parce que ses arguments contre moi étaient totalement injustifiés et incohérents, et le poussaient à faire la sourde oreille et à hurler des inepties parce qu'il n'avait en vérité aucune matière contre moi, j'ai tout de suite comprit que j'étais le nouveau bouc émissaire, et que tous les soirs, quand il aurait bu ses trois ou quatre verres à eau remplit de vin, ce serait pour ma gueule.
En deux jours, il a essayé de me faire une sale réputation auprès de mes collègues, essayé de me faire croire que ma responsable avait dit que je l'avais manipulée, essayé de me faire croire que mes collègues et amis étaient tous "faux-culs" et me "mentaient" et crachaient dans mon dos (ce qui m'a emmené à leur demander directement et devant lui si c'était la vérité, et qui l'a mit tellement en colère et plein de honte qu'il n'a eu pour seule réponse que "t'es qu'une putain de syndicaliste"). Il est apparemment aussi allé voir mes voisins, pour contrôler mes déplacements et appeler ma responsable en lui disant que je n'étais qu'une menteuse et qu'il était allé vérifié, et ça, ça a été la goûte de trop. Parce que si il est allé voir mes voisins, c'est qu'il est encore plus fou que ce que je pensais. Si il a menti à ce sujet juste pour semer la discorde, ça ne le rend pas plus sain d'esprit.

Alors me voila, encore à tourner le dos parce que je n'adhérais pas à des méthodes, ou parce que pour des raisons obscures ma tête cesse de revenir à mes supérieurs.
Je ne crois pas le chercher. Je suis respectueuse et je fais mon travail très correctement, jamais personne n'a jamais rien eu à redire à ce sujet d'ailleurs. Même si les deux hommes et expériences que j'ai mentionné sont totalement différentes, il semblerait que l'histoire se répète encore et encore, et que là où je préfère souvent la compagnie masculine, dans le milieu professionnel je crois que la mienne dérange fortement ces messieurs pour des raisons que je n'arrive pas à comprendre. Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genre de déboires, ça ne sera probablement pas la dernière. J'ai souvent pour habitude de serrer les dents et de respecter la hiérarchie, d'attendre la fin, de partir et de ne plus en parler, mais je crois que je suis trop vieille aujourd'hui pour avoir à lutter autant pour être prise au sérieux.
Je refuse de me battre pour être respectée par des connards. Je préfère gueuler et tourner les talons. Je n'ai pas besoin de revanche, puisque j'ai appris à parler et à dire ce que j'avais à dire les yeux dans les yeux, même si je n'arrive pas encore à le faire sans trembler.

Il faut dès aujourd'hui que nous arrêtions d'être des victimes, de se laisser enfermer dans des abus de ce genre parce qu'on ne peut soit disant rien dire parce qu'on ne veut pas se faire renvoyer, ou pas ruiner son avenir professionnel. Il y a toujours des façons de dire les choses et d'arrêter de se faire prendre pour un con, que ce soit en en parlant calmement ou en gueulant le plus fort. Stoppez cette putain d'oppression infligée par les connards. Je veux continuer à croire que des gens bien, souriants, sympa et avec l'envie de m'aider et de me faire avancer seront encore là dans mon futur de grande personne. Je refuse qu'on me dise "Tu comprend enfin ce que c'est le monde réel", parce que je refuse d'accepter que le monde réel consiste à se faire prendre pour un moins que rien et exploiter en permanence. Je refuse de penser que c'est ce qui m'attend toute ma vie. J'ai choisi un monde différent et je choisi d'arriver à trouver les gens qui constituerons pour moi un avenir professionnel sain et lumineux.
Et je sonne probablement comme une vieille punk de trottoir en disant ça, mais j'en ai plus qu'assez que ce genre d'expérience soit perçue par nos proches comme un aperçu du monde réel. Aux dernières nouvelles le monde c'est nous, et on peut en faire ce qu'on veux.


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